Les Pays
Repoussés de leurs terres ancestrales par un fléau oublié des siècles, effacé des mémoires comme des pierres, les survivants n’eurent d’autre choix que de suivre leurs guides, Dhùlra, Margadh et Rialtas, vers l’inconnu. Ils abandonnèrent tout : cités dorées, temples sacrés, trésors amassés. Ils franchirent les océans nantis d’une seule richesse : eux-mêmes.
La réalité les frappa comme la morsure de l’hiver : il fallait survivre. Se nourrir. Se loger. Se protéger. Le souffle de la civilisation vacilla. Les mots gravés se perdirent dans le vent. Les contes, naguère transmis au coin du feu, se dissipèrent dans l’oubli. Et pourtant, génération après génération, ces peuples forgèrent un nouveau destin, bâtissant à nouveau, pierre après pierre, trois grands pays, fiERs et indomptables.
Mais Dhùlra, Margadh et Rialtas ne les laissèrent pas partir les mains vides.
En héritage, ils leur confièrent le plus précieux des dons : une identité éternelle.
Rialtas
Rialtas, le Stratège Ancien, mena son peuple là où la terre touche le ciel. Aux confins des montagnes, il grava dans la roche les lois du mérite. Nul ne naît puissant : tout doit être conquis. Ainsi naquit un pays rigide et résolue, forgée dans le fer et la discipline. Leurs jours sont rudes, leur nuit sans repos, mais leur mémoire, elle, est éternelle. Les nécropoles gigantesques, taillées dans les flancs des pics, veillent sur les glorieux morts comme des sentinelles de pierre.
Dhùlra
Dhùlra, l’Âme de la Terre, dispersa les siens au gré des vents et des rivières. Il leur enseigna à vivre non pas contre la nature, mais en elle. Dans les forêts profondes, sur les falaises sculptées par le temps, ils bâtirent leur avenir. Ils apprivoisèrent l’orage, dansèrent avec la neige, parlèrent aux bêtes sauvages comme à des sœurs. Et encore aujourd’hui, les anciens murmurent aux jeunes de ne jamais défier la colère de la nature, et de boire prudemment à la source de ses dons.
Margadh
Margadh, le Sculpteur d’Idées, offrit les côtes et les archipels à son peuple. Il leur insuffla le goût du commerce, de l’art et des pactes scellés par le mot juste. À Margadh, chaque pensée devient œuvre, chaque accord devient loi. Rien ne se fait sans serment. Ils ont bâti un monde de parchemins et de beauté, où l’art révèle l’âme dans sa vérité la plus nue. Là-bas, l’ingéniosité n’a pas de frontières. Là-bas, les mots ont autant de poids qu’une épée.